[ Préc. ] Index [ Suivant ]

2023 02 16 : Lien entre savoir et capacite agir

Créée le jeudi 16 février 2023
index


On a envie de dire que le savoir n'est rien sans la capacité d'agir.


Cela est applicable au réchauffement climatique : c'est la catastrophe la mieux documentée, la plus annoncée et argumentée de toute l'histoire de la science et de l'humanité. Mais cette connaissance est couplée à une incapacité d'agir collectivement : l'action individuelle est possible mais largement insuffisante. L'action collective est soumise à tellement d'intérêt contraire et justement les intérêts qui ont les moyens d'action les plus puissants ne sont pas propice au changement, notamment l'industrie pétrolière, les industries qui vivent du pétrole au sens large, de l'énergie au sens large.


Cela est applicable aussi à la technologie, ce qui fait dire à Simone Weil : "Quand même les organisations ouvrières posséderaient une supériorité dans la connaissance qu’elles ne possèdent aucunement, elles n’auraient pas de ce fait entre les mains les moyens d’action indispensables ; la science n’est rien, pratiquement, sans les ressources de la technique, et elle ne les donne pas, elle permet seulement d’en user." in Les contradictions du marxisme. (Livre « Force et Malheur »)


Ceci étant l'inverse n'est pas vrai : la possibilité d'agir sans la connaissance n'est pas satisfaisant. PLus exactement une action est possible, mais elle n'est pas humaine en ce sens que celui qui utilise la technique ne la comprend pas, ne la maîtrise pas... et est d'une certaine façon possédé par elle. Il revient à l'état de "magie" des hommes primitifs qui ne comprenaient pas les phénomènes du monde qui leur étaient étrangers et incompréhensibles.


Dans le cas où l'individu utilise la technique sous les ordres d'un autre, il devient une sorte d'automate : "La transformation qui a eu lieu dans l’industrie, où les ouvriers qualifiés, capables de comprendre et de manier toutes sortes de machines, ont été remplacés par des manœuvres spécialisés, automatiquement dressés à servir une seule espèce de machine, cette transformation est l’image d’une évolution qui s’est produite dans tous les domaines. Si les ouvriers sont de plus en plus dépourvus de connaissances techniques, les techniciens, non seulement sont souvent assez ignorants de la pratique du travail, mais encore leur compétence est, en bien des cas, limitée à un domaine tout à fait restreint" SW in allons-nous vers la révolution prolétarienne.


A la question de savoir ce qui doit être su, il y a l'intentionalité de celui qui décide... Par exemple, dans le cas de programmes scolaires, l'intentionalité est de faire manifestemment des individus engagés dans l'organisation de la société telle qu'elle existe. Et donc hyper-spécialisation sectorielle. Dans le monde du travail et de la technique, on peut dire la même chose.


Du point de vue des intérêts de l'individu, ce qui est intéressant à connaître est ce qui donne de l'autonomie individuelle pour couvrir ses besoins individuels. Et finalement ici, on a assez peu besoin de théorie compliquée. Et même d'un point de vue technique, il faut savoir rester en dessous de seuils au-delà desquels la technique asservit l'individu plus qu'elle ne le sert (Voir Ivan Illitch - La convivialité)