Créée le lundi 23 janvier 2023
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Le monde moderne qui se veut "rationnel" s'appuie pourtant sur un certain nombre de croyances communes, qui sont considérées comme vraies, mais qui n'ont en fait aucun lien avec la réalité connue et observée. Je les appelle "mensonges" mais on pourrait tout aussi bien dire "erreurs".
Plusieurs croyances modernes sont fausses notamment :
"Le bien-être et le développement sont directement relié au PIB, à la croissance"
C'est vrai seulement jusqu'à un certain point et au-delà de ce point, ce n'est plus vrai. Le point où la relation n'est plus linéaire est même relativement bas, aux alentours de 15000$/an/personne.
https://ourworldindata.org/grapher/human-development-index-vs-gdp-per-capita?xScale=linear
A noter que cette relation progressivement décroissante est également retrouvée pour la sensation de "bien-être" en fonction du PIB.
"En payant pour ma retraite, je m'assure ma propre retraite"
En fait, ce qui est versé aujourd'hui par les cotisants sert juste à payer les pensions des retraités actuels, +/- une part d'anticipation par "stockage". La vraie nature du système des retraites est une "pyramide du Ponzi" géante, à savoir que les premiers entrants sont servis avec les paiements des derniers entrants. cf Marc Touati.
"L'énergie n'est jamais détruite, seulement transformée"
C'est le premier principe de la thermodynamique, mais appris seul, il est faux. La vérité est qu'il doit être couplé au second principe qui nous apprend que l'énergie dont on tire un travail dégrade sa "qualité" si l'on peut dire, elle passe d'une forme "concentrée" (par unité de matière porteuse) à une forme "diffusée" (sur une grande quantité de matière, ce qui la rend "inutilisable"). L'énergie utilisable est une énergie "concentrée" (= portée par peu de matière et libérable, extractible pour fournir un travail) : une fois utilisée, elle est "dispersée" et devient inutilisable, c'est à dire qu'elle ne peut plus fournir de travail.
"On peut découpler l'activité économique et la consommation d'énergie".
C'est probablement l'affirmation la plus fausse de toutes. C'est physiquement IMPOSSIBLE. Toute modification ou transformation de la matière correspond à l'action d'une énergie. C'est la définition même de l'énergie qui n'est connue que par ses effets (ou ses effets potentiels) sur la matière. Or, extraire de la matière (mines), mettre en forme de la matière (= fabriquer), transporter de la matière (transport) et même transporter de l'information (réseau), tout cela, absolument tout cela correspond à une consommation d'énergie correspondante (moindre cependant dans le cas de l'information que la matière).
"L'efficacité énergétique peut être augmentée sans limite"
Ceci est faux : l'efficacité énergétique est limitée par une valeur théorique indépassable, le rendement de Carnot. On peut au mieux approcher de cette valeur, mais pas la dépasser. A titre indicatif, le rendement d'une voiture est en pratique de l'ordre de 25% (75% de l'énergie de l'essence devient de la chaleur, seul 25% devient de l'énergie mécanique de mouvement !). La limite théorique est de l'ordre de 35%, indépassable. Seules certaines voitures de formule 1 s'en approchent.
De plus, les gains en efficacité énergétiques réalisables ont souvent déjà été réalisés après les chocs pétroliers de 1974 qui est une "cassure" de l'exponentielle de la consommation de pétrole. Le Monde a résussi à maintenir ses activités avec un ralentissement de l'augmentation de l'énergie disponible, fruit des gains en efficacité énergétique.
Les appareils électriques, électroniques, ont des efficacités énergétiques de l'ordre de 80%, et la marge de gain supplémentaire est donc faible car quoiqu'il en soit, on ne peut dépenser plus de 100% de l'énergie disponible et ceci n'est atteint que dans des conditions très particulières (supra-conducteurs par exemple).
Le seul "gain énergétique" possible est de réussir à garder le plus longtemps possible l'effet d'une énergie utilisée. Ceci passera par l'isolation des bâtiments pour le chauffage, et pour les objets, réduire les trajets, réduire les fabrications / tranformations et donc faire vivre les objets le plus longtemps possible en restant opérationnel.
Un peu à part, le numérique qui nécessite assez peu de matière pour les distances traversées, etc. et peu permettre d'éviter des consommations énergétiques très élevées avec un résultat similaire au final (télétravail par exemple - seule l'information circule).
"Les progrès techniques ou technologiques sont sans limites"
Cette croyance est fausse pour plusieurs raisons :
- il existe des limites physiques indépassables, telle que la vitesse de la lumière, la taille de l'atome, etc. Tant que l'on est loin de la limite en question, on a effectivement une marge de progrès importante, mais lorsque l'on approche de la limite, la marge de progrès diminue d'autant. Si les missions sur Mars sont si complexes à envisager, ce n'est pas pour rien : il faut 20 minutes (environ et variable selon la position de Mars vis à vis de la Terre) à un message transmis à la vitesse de la lumière pour aller de la Terre à Mars. Dans ces conditions, c'est très compliqué de communiquer : il y a un décalé permanent important. Et c'est irréductible a priori.
- il faut distinguer un progrès réalisé "une fois quelque part" (typiquement dans un laboratoire) et un progrès diffusé à grande échelle. Certains progrès ne sont pas diffusables pour des raisons de sécurité, ou encore pour des raisons de ressources nécessaires, etc. Et donc, de ce point de vue, il y a une limite à la diffusion du progrès. Le cas des "piles nucléaires" est un bon exemple : çà serait possible, mais çà n'est pas fait.
- Les progrès nécessite de l'énergie, de la matière et de ce point de vue, la Terre est comme une île du point de vue de la matière : elle n'a pas accès à d'autre matière que la matière disponible sur Terre. Qui plus est, une des ressources essentielles énergétique de la civilisation moderne est le fruit d'une activité biologique ancienne, activité qui n'existe pas et n'a pas existé dans l'espace proche de la Terre, en l'occurrence le système solaire. Seules d'éventuelles ressources minières pourront être accessibles à partir des astres proches (la Lune par exemple) mais le coût énergétique sera très élevé (encore que le transport longue distance dans l'espace n'est pas énergivore) et donc le coût tout court. La seule "énergie / matière" accessible sur Terre sans limite de durée est celle du Soleil stockée en cycle court, à savoir la cellulose, le bois.
Ce qui est possible par contre, c'est une croissance basée sur l'utilisation des éléments chimiques du vivant, de l'énergie solaire, comme le montre les arbres, la végétation , etc. sans utilisation d'aucun élément non renouvelable (ou alors en maximisant les durées de vie, avec un taux de recyclage effectif très élevé en fin de vie) et sans utilisation d'énergie fossile.